Vous vous coucherez moins bête

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POURQUOI L'EFFET PAPILLON ?

Vous en avez sans doute entendu parlé, cette théorie fut largement commentée, moquée, disséquée et marketée. Mais de quoi parle-t-on exactement quand on mentionne l’effet papillon ? D’où vient cette idée ? Et surtout, que vaut-elle réellement ?

 

« Le battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? ». Ainsi s’exprime le scientifique américain Edward Norton Lorenz, décédé en 2008, quand il prend la parole lors d’une conférence scientifique organisée en 1972. Quelques années plus tôt, il fit une découverte étonnante, par hasard qui plus est : celle de la théorie du chaos.

Météorologue de profession, Lorenz cherche, au début des années 60, de nouvelles méthodes pour prédire le temps qu’il fera demain. Pour ce faire, il utilise l’un des tous premiers ordinateurs au monde, le Royal McBee LGP-300. Le processus, complexe, peut être résumé ainsi : il devait rentrer un certain nombre de données extrêmement précises, puis lancer un programme afin d’obtenir des résultats. Un procédé à reproduire au moins une fois afin de vérifier les résultats. Un jour, désireux de se faire un café, il se montre moins consciencieux en entrant ses paramètres avec une précision au millième et non au millionième comme il a l’habitude de le faire. Sur le papier, cela ne devait pas faire une énorme différence. Mais en revenant de la machine à café, il réalise que les résultats entre les données au millième et celles au millionième varient énormément. Une infime variation de paramètre, pour une grande différence sur le résultat final. Petite cause. Grands effets. Edward Lorenz vient de découvrir le principe fondateur de la théorie du chaos.

 

Et voici comment il exposa sa découverte au monde en 1972 : “De crainte que le seul fait de demander (...) « Un battement d'ailes de papillon au Brésil peut-il déclencher une tornade au Texas ? » fasse douter de mon sérieux, (...) je mettrai cette question en perspective en avançant les deux propositions suivantes : si un seul battement d'ailes d'un papillon peut avoir pour effet le déclenchement d'une tornade, alors, il en va ainsi également de tous les battements précédents et subséquents de ses ailes, comme de ceux de millions d'autres papillons, pour ne pas mentionner les activités d'innombrables créatures plus puissantes, en particulier de notre propre espèce ; si le battement d'ailes d'un papillon peut déclencher une tornade, il peut aussi l'empêcher. Si le battement d'ailes d'un papillon influe sur la formation d'une tornade, il ne va pas de soi que son battement d'ailes soit l'origine même de cette tornade et donc qu'il ait un quelconque pouvoir sur la création ou non de cette dernière”.

Voilà voilà. Mais concrètement, comment se vérifie cette théorie ?

 

Et bien tout simplement. Comme l’explique le site Ca M’intéresse, “par exemple, l’utilisation en Europe de bain moussant, de pesticides ou de substances ignifugées bromées engendre la destruction des ours polaires du Groenland. En effet, ces toxines libérées dans l’environnement voyagent sur des milliers de kilomètres, polluent les eaux et s’accumulent dans les graisses des poissons et autres phoques, eux-mêmes ingérés par les ours. Au final, les plantigrades concentrent tous les polluants et souffrent de troubles du comportement, de la reproduction ou encore de la croissance”. Plus proche de nous, imaginons une petite histoire. Vous marchez dans la rue, en direction de votre station de métro. Il fait beau. Tout va bien. Quand soudain, un papillon bat de l’aile pour prendre son envol, et vous passe sous le nez. Vous vous stoppez net, l’espace d’une seconde, surpris(e). Puis, vous reprenez votre marche, pénétrez dans la bouche de métro, faites bipper votre pass Navigo. Vous descendez vers la rame, entendez les portes du métro qui s’ouvrent, et décidez de presser le pas. Les passagers descendent, et une petite mamie décide de monter les marches, face à vous, en saisissant fermement la rampe. Vous la contournez, mais à cause d’elle, vous ratez votre métro, les portes se refermant lamentablement sur votre nez. Un homme, assis dans le wagon, vous regarde, et vous sourit. Non, il ne se moque pas. Il vous trouve plutôt mignon(ne). D’ailleurs, vous ne le saurez jamais, mais ce mec, dans une autre réalité, vous aurait parlé. Pris votre numéro. Demandé en mariage. Mais rien de tout cela n’arrivera, à cause d’un papillon, d’un tout petit papillon, qui vous aura surpris l’espace d’une demi seconde, et qui, par un improbable, précis et en même temps aléatoire concours de circonstance, aura bouleversé l’intégralité du reste de votre vie.

 

L’effet papillon, c’est cela. Dans les faits, peu de chances qu’un papillon provoque la moindre tornade. L’effet papillon est une image, en quelque sorte une illustration de cette théorie à destination du grand public. Mais une chose est certaine : elle fut l’inspiration d’un nombre incalculable de chansons, de films et de séries…

 

 

 

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