Vous vous coucherez moins bête

Vous vous coucherez moins bête

POURQUOI L'HEURE D'ÉTÉ ET L'HEURE D'HIVER ?

Un jour comme un autre, vous allez vous coucher. Demain, vous devez vous lever tôt, car vous prenez un train aux aurores pour rejoindre votre famille en province. Vous regardez une dernière fois vos billets avant de vous endormir : départ 8h13. Pas un souci : en partant de chez vous une heure avant, vous serez dans les temps. Vous mettez votre réveil. Confiant. Un vieux réveil des années 70, totalement analogique. Vous sombrez dans un profond sommeil. Et vous vous réveillez. En retard. Votre train part dans sept minutes. Vous êtes encore en caleçon sous la couette. Vous devrez prendre le suivant et expliquer tout cela à vos parents. Comment ? “Désolé, je me suis fait avoir par le changement d’heure”. Un classique. Mais au fait, pourquoi, deux fois par an, devons-nous régler nos vieilles montres et horloges ? On vous explique tout.

Mais d’abord, expliquons comment tout cela fonctionne. Lors du passage heure d'hiver, on recule sa montre d'une heure. Le point de repère officiel du changement d'heure étant trois heures du matin le dimanche, à cette heure-là, il n'est que deux heures, ce qui permet de dormir une heure de plus le dimanche matin. L’heure d’été… Même principe, mais dans le sens inverse. Le dimanche matin à trois heures, il est quatre heures. Un changement d’horaire plus difficile à vivre puisque dans ce cas, nous dormons une heure de moins.

Mais pourquoi ces changements existent-ils ? Plusieurs raisons existent à cela. Elles sont toutes vraies, et s’étalent sur plusieurs siècles. En fait, tout commence en 1784 ! C’est à cette époque que Benjamin Franklin, imprimeur, éditeur, écrivain, naturaliste, inventeur et homme politique américain, mais également ambassadeur des Etats-Unis en France, a une idée. Décaler les horaires d’activité (les heures où vous sortez, bossez, etc.) afin de profiter au maximum du soleil, qui comme chacun le sait, se couche plus tard en été. Voici ce qu’il écrivait dans une longue lettre publiée dans les pages du Journal de Paris : "L’épargne de cette somme qui se dépense en bougies et chandelles n’est pas le seul avantage de mon économique projet". Au-delà du confort de la population, l’idée est donc de faire des économies. Vivre de jour, c’est consommer moins de bougies pour s’éclairer. Un projet sérieux donc, mais qui ne sera pas appliqué dans un premier temps. Et qui sera repris, quelques années plus tard, comme l’explique le site L’Internaute, par “un certain Georges Vernon Hudson, un entomologiste néo-zélandais, qui fut le premier à proposer un changement d’heure en 1895 à la Royal Society of New Zealand. Il voulait même que les horloges soient avancées de deux heures (ce qui ferait hurler aujourd'hui) lors de l’été austral, afin de permettre à chacun de profiter au mieux, explique-t-il : "du cricket, du jardinage, du cyclisme ou toute autre activité extérieure". Il espérait surtout que ses chasses aux insectes ne soient plus interrompues par la tombée de la nuit… Sa proposition fut sèchement rejetée par les homologues scientifiques néo-zélandais, mais provoqua une vive controverse dans la presse néo-zélandaise”.

C’est des décennies plus tard, au printemps 1916, que cette idée ressurgit. Nous sommes au beau milieu de la Première Guerre Mondiale. L’idée est appliquée pour résoudre un problème, là encore, économique : le conflit coûte cher, très cher. En vies humaines certes, mais également en charbon. Réduire les demandes énergétiques, c’est économiser du charbon, en le redistribuant dans le cadre de l’effort de guerre. Une heure d’été, sorte de version 1.0 de celle que nous connaissons, est donc mise en place, et le restera jusqu’en 1939, début de la Seconde Guerre Mondiale. Mais alors, pourquoi, durant ce nouveau conflit, ne pas l’appliquer également ? Pour une raison toute simple : sous occupation allemande, notre pays doit se mettre à l’heure du pays de l’occupant (+ 1 heure par rapport à l’heure parisienne).

Quelques années plus tard. Le changement d’heure n’est plus d’actualité, mais là encore, c’est une contrainte économique qui impose le retour du changement d’heure. Le premier choc pétrolier est une crise mondiale des prix du pétrole qui débute en 1971 à la suite du pic de production de pétrole des États-Unis et de l'abandon des accords de Bretton-Woods qui a pour effet une forte dévalorisation du dollar et donc des cours du pétrole qui sont libellés en dollars. De nouveau quelques années plus tard, nous sommes en 1976. La crise est là. Le monde assiste à une explosion de la facture énergétique. Le Président de la République de l’époque, Valéry Giscard d’Estaing, décide donc de ressortir cette chouette idée. Celle de Benjamin Franklin : profiter du soleil et de la lumière pour économiser de l’énergie. Voilà, vous savez tout. Enfin presque.

Quelques anecdotes supplémentaires, rien que pour vous. La France passe pour la première fois à l'heure d'été le 16 juin 1916. Le changement d’heure n’a pas lieu d’être sur l’équateur, car à ces latitudes, la durée du jour évolue très peu au cours de l’année. En 2007, aux Etats-Unis, les informaticiens se sont pris la tête car ils savaient que les ordinateurs, qui changent automatiquement d’horaire, ne sauraient le faire au bon moment. Cette année-là fut donc rallongée de quelques semaines la période de l’année où l’on vit selon l’heure d’été. Enfin, les bénéfices du changement d’heure seraient pour le moins conséquents : il ferait économiser l’équivalent de la consommation annuelle d’une ville de 800 000 ménages.

Voilà. Vous savez tout.

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