POURQUOI DIT-ON "À VOS SOUHAITS" ?
Un matin comme un autre. Dans le métro, tout le monde semble avoir une petite mine. Il faut dire que les vacances sont terminées, et si quelques visages encore bronzés laissent passer le souvenir des douces journées sur la plage, les pieds dans le sable et la tête sous l’eau, ce matin, vous avez, comme tout le monde, rendez-vous avec le travail. Avec votre ordinateur, vos collègues, et cette machine à café qui sera sans doute en panne, comme chaque lundi. Bref, ce n’est pas vraiment la joie. De plus, vous avez trouvé le moyen de choper la crève. Cette promenade de nuit dans les collines, sans petit gilet et en short, n’était peut-être pas une bonne idée. Ce matin, vous avez froid. Vous avez le nez qui coule. Et vous éternuez. Une fois, deux fois, trois fois. Quand soudain, une dame s’assoit à côté de vous. Vous éternuez de nouveau, et, toute gentille et attentionnée qu’elle est, elle vous dit “à vos souhaits” en vous tendant un mouchoir. Vous acceptez le mouchoir, mais vous n’acceptez pas de ne pas savoir : pourquoi cette expression, quand on éternue ? Est-ce une formule de politesse ? Une vieille tradition ?
Pas de panique. Mouchez-vous, tandis que nous, nous apportons les réponses.
Oui, LES réponses, car en réalité, il en existe plusieurs. Nul ne sait réellement d’où viennent ces trois mots, “à vos souhaits”, même si de nombreuses théories existent. Des théories qui nous ramènent toutes plusieurs siècles en arrière. Tout d’abord, il est important de savoir qu’à une certaine époque, l’homme, en tout cas l’homme religieux, pensait que l’âme se situait dans le cerveau, et donc que la bouche en était l’accès le plus direct. C’est d’ailleurs pour cela que la tradition, en tout cas la politesse, nous oblige à mettre la main devant la bouche quand on baille : pour ne pas exposer nos amygdales et notre salive à la vue de toutes et tous, déjà, mais aussi pour éviter que notre âme ne s’évapore, ou carrément que le diable ne pénètre dans notre esprit par ce chemin. Et quand on éternue ? C’est plus ou moins sur la même croyance que tout repose.
Comme le remarque très justement le site Pourquois (oui, avec un S, car eux aussi se posent énormément de questions) : “dans bien des langues, il est d'usage de ponctuer un éternuement d'une formule semblable : les anglophones diront God bless you (Dieu vous bénisse), les Polonais Na zdrowie (santé) et les Espagnols Jesus. On voit donc toujours un rapport avec la religion ou la bonne fortune”. Et ce n’est pas un hasard. Les éternuements pouvaient en effet expulser violemment l’âme de la personne (rappelons-le, une âme située dans la tête). Il était donc conseillé de ne surtout pas éternuer, mais, dans le cas où la personne ne pouvait en aucun cas se retenir, alors la formule “à vos souhaits” servait en quelque sorte à conjurer le sort, “en prodiguant au "malheureux" des souhaits de santé ou de bonne fortune”.
C’est une explication, une théorie, mais ce n’est pas la seule.
En effet, si certains voient dans cette formule de politesse une volonté de préserver notre intégrité morale et spirituelle, pour d’autres, ce n’était rien de plus qu’une preuve de gentillesse. En effet, pour nos amis les Grecs, éternuer n’était rien d’autre qu’un signe de chance. Ainsi, la formule “à vos souhaits” était tout simplement destinée à la personne responsable de l’éternuement, afin de lui souhaiter de la réussite dans ses désirs, ses envies, bref, lui souhaiter que ses souhaits se réalisent.
Mais attention ! Notre devoir étant de tout vous dire et de vous informer, sachez que la formulation d’un “à vos souhaits” franc et sincère envers votre voisin peut aussi gêner, voire carrément choquer. Selon certains, ce ne serait en effet pas une marque de politesse, puisqu’il s’agit d’une façon détournée de faire remarquer à quelqu’un qu’il ou elle éternue, et a donc fait un bruit dérangeant. Ainsi, la vraie politesse serait tout simplement de ne rien dire. Vous voilà prévenu(e) ! Oui, je sais, on vous bassine sans cesse avec un nombre incalculable de… Tiens… Mais… Pourquoi dit-on “tu me bassines” ?
Nouvelle question : nouvelle réponse. Et là encore, plusieurs théories.
Selon le site Expressio, “Tu me bassines” trouverait son origine dans ces bassines d’eau chaude, qui étaient en fait les ancêtres de nos bouillottes d’aujourd’hui. Selon eux, c’est “de ce récipient que vient notre expression qui date du milieu du XIXe siècle et ce, pour deux raisons, selon Lorédan Larchey. La première vient de la bassinoire qu'on chauffe et qui est comparée à l'esprit qui s'échauffe lorsqu'un importun devient vraiment difficile à supporter. Mais la plus réaliste vient du charivari traditionnellement fait sous les fenêtres des jeunes mariés, bruit dérangeant fait entre autres avec des récipients de cuisine (dont la bassinoire)”.
Voilà. Vous savez tout, et même un petit peu plus.