Vous vous coucherez moins bête

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POURQUOI DO RÉ MI FA SOL ?

Au collège, vous avez dû les apprendre par coeur sur votre flûte bon marché. Puis, afin de séduire votre maigre public sur la plage des vacances avec Jeux Interdits et Come As You Are, vous les avez pratiqué. Ces quelques notes : Do, Ré, Mi. Puis Fa, Sol, La, Si. Et enfin, de nouveau, le Do. Mais au fait, d’où provient le nom de ces notes ?

Tout d’abord, il est important de savoir que ces noms ne sont pas la norme, même s’ils sont la nôtre. La musique occidentale utilise en effet deux systèmes différents, qui varient selon les pays. Le premier, inspiré de l’Antiquité, utilise tout simplement les premières lettres de l’alphabet. Par exemple, en Allemagne et dans les pays germanophones, mais aussi en Angleterre et dans les pays anglosaxons, le Do est un C, le Ré est un D, le Mi est un E, le Fa est un F, le Sol un G et le La un A. Petite différences : chez les allemands, le Si est un H, et chez les britishs, un B. Le second système, le nôtre mais aussi celui des italiens par exemple, a été créé durant la deuxième moitié du Moyen Âge et utilise les syllabes d'un chant latin. Ok. Mais pourquoi ?

Tout part d’un gentil monsieur du nom de Guido d'Arezzo. Un moine bénédictin italien né en 992 et mort aux alentours de 1033 (on ne sait pas très bien). On sait en revanche qu’il répondait parfois au petit nom de Gui, ou Guy, voire Gui l’Arétin. Et qu’il était musicien. Nul n’est sûr de son lieu de naissance, de la date ou du lieu de sa mort, et personne ne tombe d’accord sur la naissance de sa vocation musicale. On est certain, en revanche, qu’il fit un séjour au sein de l’abbaye de Pomposa, où, face à la difficulté d’apprentissage de la méthode musicale des résidents, il aurait eu l’idée de développer un nouveau système, son système. Une envie de pédagogie qui très vite se propagera dans tout le Nord de l’Italie. Il faut savoir qu’à l’époque, la musique, son Art, sa science, sa méthodologie, se transmet uniquement à l’orale. Point de “Apprendre la guitare pour les Nuls” à l’époque. Ainsi, Guido décide de persévérer, et de poursuivre ses recherches en la matière. Il a donc l’idée de donner un nom aux notes de la gamme, en se basant sur un air populaire de l’époque, l'hymne des vêpres de la fête de la Naissance de saint Jean-Baptiste. Attention, c’est là que cela devient technique : “Cette hymne est écrite en strophes de forme sapphique : les trois premiers vers, composés de deux hémistiches (de cinq et six pieds, respectivement), sont complétés par un quatrième vers, plus court, de cinq pieds. Guido d'Arezzo a utilisé la première syllabe de chacun des six premiers hémistiches de l'hymne (ut ré mi fa sol la) pour son système de solmisation”. Bon, en gros, le texte de l’hymne est le suivant : Ut queant laxis, resonare fibris, Mira gestorum, famuli tuorum, Solve polluti, labii reatum, Sancte Iohannes. Soit ut, re, mi, fa, sol, la. On y est presque. Manque le Si, et le Do. Là, Guido sort du paysage, et d’autres prennent le relais.

La note Si ne fait son apparition que des décennies plus tard, à la fin du XVIème siècle. Née des deux initiales du dernier vers de cette même hymne (Sancte Iohannes). On ne

sait pas vraiment qui est à l’origine de cet ajout, même si de nombreux historiens s’entendent pour en attribuer la paternité à un certain Anselme de Flandres, musicien (il venait de Flandes, selon toute logique). L’histoire du Do, elle, est plus documentée, et plus complexe.

Le Ut disparaît, laissant la place au Do, au départ pour une raison tout simple : le Do se prononce plus facilement, il glisse tout seul. Pendant longtemps, la création du Do fut attribuée à un certain Giovanni Maria Bononcini, né le 23 septembre 1642 à Zocca et mort le 18 novembre 1678,, un compositeur et violoniste italien. Ce dernier l’aurait choisi en hommage au musicien italien Giovanni Battista Doni. Sauf qu’en fait non, c’est Pierre l’Arétin qui, en 1536, aurait eu l’idée, et le Do viendrait du latin Dominus, qui signifie le Seigneur. Bref, on ne sait pas, mais on sait en revanche que le Do est bel et bien la seule note à avoir changé de nom en cours de toute, même si le Ut de base est encore utilisé, “dans les termes techniques ou théoriques. Ainsi, on parle par exemple de trompette en ut, de clé d'ut, de contre-ut pour le chant ou de concerto en ut mineur”. Mais peu de chance que vous en parliez sur la plage avant de vous lancer dans un Wonderwall séducteur.

Mais au fait, aujourd’hui, comment ces quelques notes sont elles enseignées ? Bonne nouvelle : la flûte à bec, tristement célèbre, n’est plus présente dans les salles de classe, officiellement rayée des programmes en 2008. Elle s’installa petit à petit dans les salles de classe dès les années 60. A l’époque, l’enseignement musical repose encore sur des bases fragiles. En effet, la plupart des heures étaient assurées par des professeurs titulaires... dans d’autres matières, et ne voyant donc là qu’un complément de revenu (ce qui explique en partie la mauvaise réputation, au fil des années, des cours de musique). Durant les années 60 et 70, l’enseignement opte pour une approche plus pédagogique, plus active (tant de la part des profs que des élèves), et se tourne donc vers cet instrument à la portée de tous, facilement transportable, abordable, uniforme. Et cauchemardesque pour les parents. Mais tout cela, c’est du passé. Aujourd’hui, au collège, la musique s’enseigne autrement. Le site de l’éducation nationale, qui parle de “découverte et le développement des deux grands champs de compétences qui structurent l'ensemble du parcours de formation: la perception et la production”. Concrètement : du chant, beaucoup de chant. Mais toujours cette même base, Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si et Do. Elles sont le socle de toute chanson.

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