Vous vous coucherez moins bête

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POURQUOI A-T-ON LE VERTIGE ?

Mamie est à Paris. Elle l’avait promis, elle est là : pour votre anniversaire, votre grand-mère adorée est venue passer un week-end avec vous. Au programme : restaurant à chaque repas, promenade, et surtout, visite intensive de tous les grands monuments, musées et attractions de la capitale. Le Centre Pompidou, le Musée Grévin, la vue panoramique de la Tour Montparnasse… Et évidemment, l’indispensable ascension de la Tour Eiffel. D’une hauteur de 312 mètres à l’origine, la tour Eiffel est restée le monument le plus élevé du monde pendant 41 ans. Le second niveau du troisième étage est situé à 279,11 mètres exactement. C’est là-haut que vous emmenez Mamie. Tout là-haut. Et c’est là-haut que vous allez expérimenter une sensation bien connue. Le vertige. Qu’est-ce que le vertige exactement ? Une sensation étrange ? Une peur, couplée à une perte d’équilibre ? Et parfois même, la sensation d’être attiré par ce vide qui nous effraie pourtant ? Il y a beaucoup à dire sur le vertige. Et justement, on vous dit tout, ici et maintenant.

Le sens de l’équilibre est contrôlé par l’oreille interne. L’oreille interne, comme son nom l’indique plutôt pas mal, est une des parties intérieures de l'oreille, qui contient l'organe de l'ouïe, mais aussi l’organe de l’équilibre. L’oreille interne est directement reliée à notre cerveau. Un cerveau qui, on ne vous apprendra rien, est en quelque sorte le centre de commande, la salle des machines de notre corps. Sans lui, rien ne marche. Les informations en provenance des muscles, des articulations, des yeux, ou des oreilles, sont envoyées au cerveau, sont traitées, pour être ensuite déchiffrées. Et notre corps de réagir en conséquence. Quand nous touchons un objet brûlant par exemple, l’information est envoyée au cerveau, et la réaction ne se fait pas attendre : nous avons mal et nous lâchons immédiatement l’objet. Action, réaction. La sensation de vertige, elle, naît d’une mauvaise lecture des données par notre cerveau. Qui, tout cerveau qu’il est, a tout de même le droit, parfois, de se planter.

Il est possible qu’une donnée manque, ou qu’elle soit altérée. Dans ces cas-là, notre cerveau est tout simplement incapable de déchiffrer les influx nerveux. Comment cela fonctionne ? Vous êtes aux côtés de votre Mamie, au dernier étage de la Tour Eiffel. La vue est absolument magnifique. Vous devez absolument prendre une photo. Dès lors, vous vous frayez un passage devant les autres visiteurs, et vous vous retrouvez le nez collé à la vitre, plus de 200 mètres au-dessus du sol. Là, les gens ne sont que des points noirs, les immeubles des brindilles, les arbres des petits ronds, et la ville est, elle, immense. Vous regardez au loin. Tout va bien. Puis en bas. Et là, bim !!! Peur, suée, vertige. Que se passe-t-il ?

Vous avez les pieds au sol. Pas la terre ferme, certes, mais vos pieds sont à plat, sur une surface fixe et stable. Pour votre cerveau, votre corps est donc à même le sol. Mais en regardant tout en bas, vous envoyez malgré vous une information contraire : vous ne pouvez être à plusieurs centaines de mètres au-dessus du Champs de Mars et malgré tout avoir les pieds au sol. Vos yeux envoient une information (la hauteur), vos pieds et vos jambes une autre (le sol), et votre cerveau, lui, n’y comprend plus grand chose. Et votre oreille interne - qui détermine la position de la tête dans l'espace, informe le cerveau de ses mouvements et nous permet d'adapter notre position en coordonnant les mouvements du tronc, du cou, de la tête et la position des yeux - envoie un message : “je suis complètement perdu dans l’espace”.

Attention cependant à ne surtout pas confondre le vertige, que nous venons de vous expliquer, avec la peur du vide. La peur du vide est en fait de l’acrophobie, et le terme de vertige est impropre pour la désigner. Comme on peut le lire sur le site Destination Santé : “La peur du vide est, elle, une vraie phobie. Elle peut se déclencher à simple pensée de se retrouver en hauteur. Elle peut venir d’un traumatisme ancien (enfant, vous avez failli tomber dans le vide lors d’une balade en montagne) ou bien être liée à ce déséquilibre entre sensations provenant de la vue et de l’oreille interne. En effet, si vous avez expérimenté plusieurs fois cette désagréable impression de vertige sur un escabeau, vous finirez par avoir peur de toutes les situations où vous vous trouverez en hauteur. Comme toutes les phobies, la peur du vide entraîne des comportements d’évitement, qui peuvent sérieusement compliquer la vie : pas de visite de monuments en hauteur, pas de randonnée en altitude, pas de ski, de deltaplane, de parachute, pas de discussion avec les amis sur la terrasse au 6ème étage, pas de possibilité de changer une ampoule (car il faut monter sur un tabouret)…” La peur du vide est donc une peur, comme son nom l’indique. Le vertige est lui une sensation.

Selon une étude du CNRS, entre 2 % et 5 % des Français souffrent d'acrophobie. Une phobie contre laquelle il est possible de lutter. Il est nécessaire tout d’abord d'apprendre à gérer l'anxiété, et pour cela, de nombreuses méthodes existent : relaxation, hypnose, sophrologie… En revanche, contre le vertige, une seule solution : régler votre oreille interne, et donc stabiliser votre corps, faire comprendre à votre cerveau que vous êtes stable (par exemple, en vous allongeant et en fermant les yeux, même si, en haut de la Tour Eiffel, cela pourrait sembler bizarre aux autres touristes). Enfin, concernant cet attrait du vide, ce que nous ressentons parfois comme une “envie de sauter”, il s’agit d’une sensation peu documentée par la science, même si certains scientifiques expliquent que les gens interprètent en réalité mal le signal instinctif de sécurité (“attention, tu es en situation de danger”) et concluent qu’ils ont dû ressentir une envie de sauter (ce qui ne serait pas nécessairement vrai).

Alors, profitez du week-end avec Mamie. Savourez la vue. Et revenez sur la terre ferme. Prudemment.

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