Vous pourriez être cette personne

Vous pourriez être cette personne

GARDIEN D'ÎLE DÉSERTE

Marre. Vous en avez marre. De quoi ? De tout. Du bruit de la ville, des gens, du métro, de votre boulot, de faire les courses, de faire le ménage, de ne pas avoir assez de sous, de ne pas savoir quoi faire de vos sous quand vous en avez… Bref, vous êtes à la limite du nervous breakdown, et vous avez des envies d’ailleurs. Pas de vacances non, mais d’un vrai changement. De quelque chose de nouveau et de radical, d’un Grand Départ, d’une autre vie. Bonne nouvelle (en tout cas, c’est ce que vous croyez), vous venez de tomber sur un article parlant d’une annonce. Une vraie offre d’emploi pour un vrai métier : devenir le gardien d’une île déserte. Une vraie ? Oui, une vraie. Une île éloignée, une île sans rien, une île perdue au milieu de nulle part. Alors, arrêtez de vous plaindre, car cette île est faite pour vous.

Mais vous ne savez sans doute pas ce qui vous attend.

Coordonnées : 43° 39,26′ S, 146° 16,17′ E. Pays : Australie. Plus précisément, tout au sud de l’Australie, en Tasmanie. Et encore plus précisément, tout au sud de la Tasmanie. Nom de votre destination : le phare de l’île de Maatsuyker. Mission confiée par le Tasmanian Parks and Wildlife Service, l’organisme qui gère l’île : “surveiller le bon état de marche du phare, effectuer des relevés météo, entretenir la piste d’atterrissage, surveiller la colonie de puffins (des oiseaux) et tondre la pelouse”. Sur le papier, rien de bien compliqué. Nombre d’habitants sur l’île : zéro. Seulement vous, pour une mission d’une durée de six mois. Exactement ce que vous cherchez donc. Oui, sauf que…

Commençons par l’une de vos missions : tondre la pelouse. Facile ? Pas vraiment, comme le rapporte Ouest France : “sur cette île ou il pleut en moyenne 250 jours par an, l’herbe pousse tout le temps. Et même si Maatsuyker n’est pas bien grande (3 km de long sur 1,5 km de large), ça prend un temps fou. Selon les Miller, le couple qui vit en ce moment sur place, une semaine sur deux, il faut prévoir deux ou trois jours à ne faire que ça”. Et le reste du temps ? Et bien, vous pensez sans doute que vous profiterez du climat pour vous promener, faire du sport, réfléchir à votre vie passée et à vos projets futurs. Sur place, pas de télévision, pas d’internet, et évidemment, pas de réseau, vous pouvez donc laisser votre portable à la maison. Bon, la maison n’est pas chauffée, mais une ou deux couvertures feront l’affaire. Mais vous ne savez pas tout.

“Le voyage vers Maatsuyker se fait en hélicoptère. Sauf en cas d’urgence, il ne revient qu’au bout de trois mois pour apporter des provisions. Entre temps, il faut se débrouiller et bien gérer ses stocks. En cas de pépin, une radio qui permet de demander des secours. Mais au moment du recrutement, on vous demandera de prouver que vous êtes en bonne santé et que vous avez consulté récemment un dentiste”. Toujours envie de partir ? Alors sachez que vous ne pourrez pas méditer bien longtemps le matin. En effet, il vous faudra chaque jour de la semaine (oui, y compris le dimanche, y compris le samedi, chaque jour de la semaine on vous dit) vous lever à six heures du matin pour vous rendre à la station météo. Bonne nouvelle pour vous : il devrait faire beau (quand il ne pleut pas). Maigre consolation certes.

Comme le rapporte le site Le Courrier Australien : “le ranger responsable de l’île Maatsuyker, Jeremy Hood, précise que toutes sortes de personnes ont déjà été gardiens : des retraités, des marins, des artistes ou encore des écrivains. « Nous avons besoin d’au minimum deux personnes, ce sont donc plus souvent des couples, mais pas systématiquement. » Malgré l’isolation de l’île, Hood déclare que les précédents occupants étaient ravis de leur séjour. « Ils sont si heureux d’avoir pris le temps de vivre cette expérience », dit-il”. Mince, vous êtes célibataire. Et vous n’avez pas beaucoup d’amis, puisque rappelons-le, tout le monde vous gonfle en ce moment. De plus, qui accepterait de partir si loin et si longtemps ?

On résume donc : pas de télévision, pas d’internet, pas de téléphone et pas de chauffage. Ok. On ajoute à tout cela une isolation totale (personne à qui parler, personne à qui se confier, juste l’insupportable bruit des vagues et des oiseaux). Sans oublier évidemment qu’il faudra tondre la pelouse pendant trois jours d’affilée, et ce toutes les deux semaines. Quoi d’autre ? Le réveil à six heures du matin. La pluie. La nécessité absolue de bien gérer ses stocks (se goinfrer durant les premiers jours est l’assurance de mourir de faim quelques semaines plus tard). Et évidemment, cet hélicoptère qui ne repasse que trois mois après vous avoir déposé, et cette maudite radio qui vous permet seulement d’appeler des secours en cas de très grosse urgence (si vous chutez du haut d’une falaise et que vous vous brisez les jambes, personne ne pourra rien pour vous - et surtout ne CASSEZ PAS CETTE RADIO ET NE LA PERDEZ PAS).

Le pire dans tout cela ? C’est le site Numerama qui le raconte : une offre d’embauche “proposait tout simplement, contre un salaire très intéressant de devenir gardien de Hamilton Island, situé sur la Grande Barrière de corail australienne, en plein Océan Pacifique. L'offre proposait un salaire de 75 000 euros, pour les six mois de présence (et là, on se dit que ça vaut le coup d'investir dans quelques cours d'anglais), en pension complète, billet d'avion à la charge de l'employeur, pour l'aller et le retour. Ce qui devait être le meilleur job du monde sera finalement la pire déception de ce début d'année. Car on parle bien d'une vaste campagne de promotion pour attirer l'attention du monde sur ce morceau paradisiaque de la Terre et faire augmenter les vols et départs pour cette destination. Coupant court avec les traditionnelles techniques de publicité l'idée de cette campagne aura marché au-delà de toute espérance. Mais le directeur aujourd'hui fait face à ses responsabilités. Reconnaissant que son offre a mis un sacré bazar, rien que cela, il va falloir assumer cette campagne de marketing”.

Alors, par pitié, arrêtez de vous plaindre, car cela pourrait être pire. Vous pourriez être gardien de phare sur une île déserte. Ou tout simplement être la victime d’un énorme canular. Au choix.

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