Vous ne devinerez jamais

Vous ne devinerez jamais

DEVINETTE N°8

Il fait partie de ces rares objets que l’on peut voir aussi bien sur la terre comme au ciel. Bien que, soyons honnêtes, soyons raisonnables, on le voit bien plus souvent sur la planète bleue que dans la couche d’ozone. Thomas Pesquet en avait-il amené un dans sa station spatiale ? Peut-être, bien que, au vu des fonctions généralement associées à l’objet que l’on cherche, on ne voit pas bien l’utilité d’une telle présence dans l’espace. Cela dit, en aura-t-il vraiment besoin une fois rentré sur Terre ? Pas forcément. Notre objet a souvent des fonctions bien futiles, tenant bien plus à l’esthétique qu’à la vraie praticité. Ainsi, pour beaucoup, et lorsqu’il occupe une partie des intérieurs tel qu’un salon ou une chambre, il ne sert strictement à rien si ce n’est à apporter cohérence graphique et décorative à un ensemble de meubles accumulés et choisis ça et là pour donner du cachet et attirer les « waouh » des invités. Si vous l’apercevez dans la rue, c’est très certainement qu’il a été abandonné lâchement par son propriétaire. Un propriétaire dont les goûts auraient changé, ou qui, peu à cheval sur les coups de brosse, aurait laissé croupir celui que nous cherchons jusqu’à ne plus pouvoir le voir en peinture. C’est qu’il peut être coloré, notre inconnu du jour. Sur les modèles les plus courus, les plus onéreux, la palette est large. C’est la magie de l’Orient, de ses motifs complexes et élégants, de son artisanat, de sa tradition. Il en existe évidemment bien d’autres, qui de la tradition en question n’ont rien gardé, mais qui, porté par l’air du temps, sont devenus indispensables dans les maisons et les magazines. Mais ne nous contentons de cette description. Personne n’a envie d’être réduit à un physique, une apparence. Si celui que l’on cherche ne pense pas et n’est doté d’aucune intelligence, il a son mérite dans de nombreux endroits.

On n’y pense pas assez, mais nous serions bien embêtés s’il n’était pas présent dans nos points d’eau. Récemment, l’un de nos compères est arrivé dans l’open space avec une ecchymose grande comme son poing sur le pectoral gauche. Violette, rose, jaune, bleue, la tâche qui habillait son bras a ébahi l’ensemble de la salle, mi-affolée, mi-amusée, et surtout curieuse de découvrir comment l’homme en question avait réussi à affubler son corps d’une telle trace. Résultat, une simple chute dans un endroit de son appartement où l’eau avait préalablement coulé à flots. Voilà, un lieu où notre inconnu eut été bien utile.

Dans d’autres circonstances, c’est pour le prestige qu’on le sort de son placard. Un prestige dont la couleur criarde révèle la beauté de ceux qui le touchent. La couleur en question n’est pas née d’aujourd’hui mais d’avant-hier, à l’heure où les jupettes habillaient les hommes, et où Paris mourait d’amour pour Hélène. De l’Antiquité à aujourd’hui, l’histoire a semé ses coutumes, ses signes, ses us, qui donnent une signification à de nombreuses choses qui nous entourent sans qu’on le sache vraiment. Parlerait-on de cheval de Troie pour désigner les méchants virus s’emparant de nos ordinateurs si la mythologie n’avait pas fait entrer Ulysse dans la ville paré d’un équidé en bois ? Aurait-on vraiment peur de passer sous une échelle si les gens d’antan n’avaient pas associé celle-ci à la Sainte-Trinité et à la profanation pour les uns, à la pendaison des condamnés qui devaient la traverser pour se rendre à la potence au Moyen-Âge pour les autres ? Notre quotidien, notre langage, nos habitudes ne seraient pas les mêmes si jadis elles n’étaient pas déjà passées entre les mains d’autres êtres humains. C’est ainsi que naît une culture, c’est ainsi que l’on se souvient. En parlant de mémoire, n’oublions pas ce pourquoi nous en sommes arrivés là.

Ainsi celui que l’on cherche a-t-il toute sa place lors des grandes occasions. Celles qui rassemblent les personnes qui comptent, celles qui rassemblent les personnes qui brillent, celles pour lesquelles rien n’est trop beau. Les appareils photos, les flashs, rien ne serait pareil sans celui que nous cherchons. D’une certaine façon, il est aussi symbole d’amour. De par sa couleur, pour les occasions faites de strass et de paillettes, mais aussi par l’un des grands classiques du cinéma. Dans celui-là, deux jeunes gens qui n’auraient jamais du se rencontrer (scénario classique) chantent l’un des airs les plus célèbres du cinéma d’animation. Ils parlent alors de rêves, de couleurs, de princesse, de jardin, et de plein d’autres choses qui font sourire de niaiserie les petits comme les grands. Par le plus grand des hasards, l’histoire de cette femme et de cet homme se déroule en Orient, là où notre inconnu du jour est référent. Nous vous disions il y a ça de nombreuses phrases, que l’objet de notre énigme pouvait être vu sur la terre comme au ciel. Avouons-le, réparons notre mensonge, personne ne l’a vraiment vu dans le monde des nuages et des oiseaux dans la vraie vie. La seule référence à laquelle nous pensions à ce moment-là était celle-ci. Celle de ce dessin-animé culte qui anime aujourd’hui autant les chambres d’enfants que les karaokés d’adultes. Ainsi avons-nous légèrement exagéré le trait, porté par le romantisme exacerbé de la nostalgie des Walt Disney. Mea culpa.

Mais arrêtons donc d’être fleur bleue, parlons plutôt jeux. Par « jeux », n’entendez-pas jouer au ballon, au Scrabble, à pierre-feuille-ciseaux ou à colin-maillard, non. Imaginez-vous plutôt ce monde où les pièces coulent en masse au bas des machines, où les cartes ne servent pas à jouer à la bataille ou au kem’s mais au Black Jack et au poker. Le type d’amusement dont on parle n’est pas enfantin, pas innocent. Il implique d’ouvrir son portefeuille, d’affoler son banquier, de gagner ou de perdre peu ou gros. Dans cet univers, là où les rois, dames, valets, piques, trèfles, carreaux et cœurs manipulent les nerfs de ceux qui les tiennent en main, celui que l’on cherche est légion. Dans les lieux où les jeux en question sont officiels, il est même obligatoire. Ceux qui le connaissent bien dans ce milieu si particulier savent qu’il est vert. Un vert qui, d’après quelques sources trouvées ça et là sur internet, aurait été choisi au Moyen-âge pour son association aux notions de hasard et de destinée. Plus tard, c’est aux côtés de l’argent et de l’avarice qu’il a été rangé. A tous ceux qui voient le verre à moitié plein, ne paniquez pas : il est en effet toujours associé à l’espoir et à la jeunesse. N’arrêtez surtout pas de voir du positif partout…

Mais ne nous égarons pas, et continuons notre partie. Au poker, celui que l’on cherche n’est pas qu’une chose. Il est aussi un mot qui, dès qu’il sort de la bouche de l’un des joueurs, ajoute un suspense considérable au moment déjà palpitant qui se joue sous leur nez. Plus encore, la personne qui le prononce pourrait bien être qualifiée de gonflée, courageuse ou folle si la main qui l’amène à sortir le mot de sa bouche n’est pas bonne. Si, au contraire, ses cartes s’associent pour former l’une des combinaisons les plus complexes du poker, elle a tout intérêt à se lancer dans la fosse au loup ou aux billets. S’il s’agit là d’un coup gagnant, nul doute que les autres joueurs lui en voudront, ou, pour les plus fair-play, la féliciteront voire lui dérouleront celui que l’on cherche lorsqu’il s’adresse aux personnes importantes. Et à celui qui avait alors la couleur de la nature sur la table de prendre la couleur du sang et de l’amour sur le sol…

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