CACHEUR DE PLAQUE D'IMMATRICULATION
La vie, ce n’est pas toujours simple. Parfois, elle se remplit de petits tracas. De ceux qui vous donnent envie de ne pas vous lever le matin, vous énerve, vous font vous dire que vraiment, rien ne va. Et pourtant, n’oubliez jamais que cela pourrait être pire. En effet, vous pourriez avoir un métier bien plus difficile, laborieux, voire douloureux, que celui que vous exercez au quotidien. Par exemple, vous pourriez être cacheur de plaque d’immatriculation en Iran. Hein ? Quoi ? Pas de panique, on vous explique tout.
En Iran, le climat est froid l’hiver, chaud et sec l’été, voire carrément aride, sauf si vous décidez d’aller vous promener dans la plaine côtière de la caspienne subtropicale, où le climat est plus agréable. Bref, en Iran, il fait chaud. Mais ce ne sera pas votre unique souci si vous décidez de circuler au volant d’une petite voiture sans climatisation en plein centre-ville.
En effet, dans la capitale, Téhéran, comme à Paris, Londres, et de façon générale, dans les grandes villes du monde entier, la circulation est un souci. Trop de voitures, trop de bouchons… Et donc, beaucoup trop de pollution. La ville de Téhéran se situe dans une cuvette, au nord du pays, au pied des monts Elbourz, elle représente environ 9 000 000 habitants, et l'agglomération plus de 15 000 000. Problème : dans ces conditions, les gaz ne se dispersent pas. C’est ainsi que la ville est détentrice d’un triste record : 25 jours d’affilée d’alerte à la pollution de l’air. Voici ce qu’on peut lire sur le site de La Revue de Téhéran : “selon les statistiques disponibles, chaque trajet à Téhéran se fait avec quarante minutes de retard en comparaison avec la durée moyenne estimée et avec les quatorze millions de déplacements quotidiens des Téhéranais, près de 200 milliards de minutes par an sont ainsi "perdues". Beaucoup plus important que ce retard est la pollution monstrueuse qui plane depuis des années maintenant sur Téhéran, obligeant parfois les autorités à interdire la circulation et à fermer les écoles pour quelques jours”. Et la Revue d’ajouter : “selon les standards mondiaux, chaque voiture a besoin de quarante mètres de voie lors de ses déplacements, en prenant en compte les distances de sécurité. Ceci alors qu’à Téhéran chaque année, 400 000 nouvelles voitures sortent des usines. Ainsi, plus de trois millions d’automobiles circulent aujourd’hui rien que dans Téhéran, ce qui représente un manque de près de cinquante millions de mètres carrés de voies pour les voitures”.
Téhéran paye donc les conséquences d’une urbanisation effrénée, entamée dans les années 70. Comment lutter contre cela ? La réponse était toute trouvée.
Téhéran a mis en place un certain nombre de règles. Comme par exemple le rationnement de l’essence. Ou encore la diffusion de clips télévisés humoristiques mettant en avant les manquements au code de la route des Iraniens. Mais aussi le développement massif des grands axes donnant parfois à la ville des allures de Los Angeles, où il est indispensable de prendre sa voiture pour rouler dix minutes avant d’enfin atteindre “l’épicerie du coin”. Mais la mesure qui nous concerne est la suivante : comme dans la capitale anglaise, si vous souhaitez prendre votre voiture afin de circuler dans le centre, sachez que vous devrez passer des péages automatiques, qui seront chargés de lire vos plaques. Un plan a été instauré dans les zones très fréquentées, restreignant la circulation des voitures immatriculées paires ou impaires selon les jours pairs ou impairs.
Mais forcément, cela ne plaît pas à tout le monde. Ainsi, des petits malins ont trouvé une technique : le métier bizarre qui nous intéresse aujourd’hui, celui de cacheur de plaque d’immatriculation en Iran. Le principe est très simple : un client va vous payer pour passer le portique qui scanne la plaque. Son boulot est de marcher devant et derrière votre voiture, de la façon la plus naturelle possible, pile au moment où votre voiture entre dans l’angle de la caméra supposée vous repérer. Vous pouvez évidemment réserver votre cacheur uniquement pour ce passage, mais également l’embaucher à l’heure, ou à la journée si vous avez réellement beaucoup de courses à faire.
Ce métier n’en est pas réellement un, car il ne saurait être reconnu officiellement. Il n’existe donc pas de chiffres. Le pourboire se négocie à la tête du client, et en fonction de la capacité des deux parties à négocier. De même, nous ne possédons pas de tranche d’âge, de nombre de personnes impliquées… Rien.
Résumons malgré tout avec ce que nous savons : une chaleur de bête, un air bien plus pollué que dans le reste du monde certains jours, des conditions de circulation apocalyptique, et au milieu, un mec en voiture derrière lequel vous devez marcher pour gagner quelques rial.
Bref, arrêtez de vous plaindre, votre quotidien pourrait être pire. Vous pourriez être cacheur de plaque d’immatriculation en Iran.